4 décembre 2024 : deuxième séance de négociation concernant les mesures salariales pour 2025. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette négociation s’engage mal.
Passons rapidement sur la diapositive de présentation qui explique combien le contexte économique, politique et social, est difficile. Même si on ne peut nier que la conjoncture est complexe et tendue sur bien des aspects, LCL nous ressort cet argument tous les ans. Et si on évoquait plutôt les excellents résultats dégagés par LCL et le groupe, grâce aux salariés ? Si on évoquait les millions d’actions rachetées et détruites tous les ans par le groupe ?… De l’argent pour reconnaître justement les salariés de LCL, il y en a. C’est un choix politique que de ne pas accorder d’augmentation générale.
Rappel du contexte : il y a quasi un an, Serge Magdeleine, pour contrer le mouvement de grève annoncé pour le 8 février, avait promis un “benchmark des rémunérations”. Ce benchmark a été présenté le 15 novembre, et on ne peut pas dire que son contenu nous a transcendés … En revanche, il permet aujourd’hui à la direction de s’exonérer de mesures salariales significatives pour toutes et tous. Au passage, et contrairement à ce que proclame partout la ligne RH, ce benchmark n’a pas été élaboré avec les organisations syndicales représentatives. En vérité, nous avons évoqué ensemble les métiers qui semblaient pertinents et bougé 3 post-it sur un tableau. Pour le reste, LCL a discuté avec le prestataire LHH, et nous n’avons été que très peu associés à l’élaboration de ce benchmark. La preuve : malgré nos demandes, nous n’avons toujours pas les fiches métiers qui ont permis à LHH d’établir cette étude comparative.
Bref … A ce stade, nous ne connaissons toujours pas le budget alloué par LCL pour récompenser les salariés, créateurs de richesses, producteurs de très bons résultats et artisans de “LCL meilleur service client de l’année 2025”. Grâce à nous, LCL tire également son épingle du jeu aux “Trophées de la Banque Qualité 2025”, même si le Crédit Mutuel et ses filiales raflent la mise en remportant 16 trophées. Il s’agit probablement de la symétrie des attentions : une vraie reconnaissance salariale engendre une qualité de service toujours améliorée.
LCL n’en est pas là.
La séance de négociation du 4 décembre a été exclusivement axée sur le “comment engager la trajectoire de convergence” pour répondre aux décalages mis en exergue par le benchmark. La présentation est restée extrêmement confuse et peu de concret est sorti de tout ça. Ce que l’on a compris (avec du mal, et encore, on n’est pas sûr d’avoir tout saisi), est que “la trajectoire de convergence” repose sur trois leviers :
- les rémunérations socles : il s’agit de “revaloriser les rémunérations socles si un écart de rémunération avec le marché est constaté en boostant la revalorisation des socles pour les métiers spécialisés”. Qui ? Quoi ? Combien ? Aucune précision n’a été donnée. Rappelons également que “le marché”, tel que LCL l’entend, c’est celui avec lequel a été construit le benchmark. Or, tous les établissements bancaires n’y figurent pas. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, notamment, n’est pas inclus dans cette étude comparative.
- Les rémunérations “repères” pour les marchés spécialisés : il s’agit, pour LCL, de “reconnaître davantage l’expérience chez LCL sur des emplois ciblés”. Lesquels ? On ne sait pas. En gros, il s’agirait de mesures s’apparentant au “socle confirmé” des conseillers particuliers.
- La mise en œuvre de Mesures Salariales Individuelles de convergence : en clair, si des écarts sont constatés, les managers auront en leur possession les éléments permettant d’attribuer des mesures salariales individuelles dédiées (“mesures salariales individuelles de convergence”) afin de gommer les écarts de rémunération avec le marché. En théorie, ils pourront également attribuer une MSI classique en supplément, pour récompenser. Dans la pratique, avec les enveloppes salariales contraintes, il n’est pas sûr que ce soit le cas.
LCL ressort donc la notion “d’augmentation collective ciblée” pour celles et ceux qui sont en décalage de rémunération, selon le benchmark.
Admettons. Cependant, nous pouvons nous interroger et FO LCL a posé la question à la direction : “quand les salaires augmenteront-ils réellement ?” Les “rémunérations socles”, ou “les rémunérations repères”, ou “les augmentations collectives ciblées”, peu importe le nom qu’on leur donne, ne sont que des rémunérations plancher, dans un secteur extrêmement concurrentiel. Cela permet de “remettre à flot” les collègues concernés. Certes, c’est une bonne nouvelle, et c’est déjà ça. Cela a permis à LCL de remettre à niveau un certain nombre de métiers. Ce n’est que justice. D’ailleurs, sans cela, les conclusions du benchmark auraient été probablement plus alarmantes.
Pour autant, quand verrons nous notre pouvoir d’achat réellement augmenter ? Doit-on se contenter de ces rémunérations minimales par métier ? Cela ne risque-t-il pas d’entrainer d’autres décalages, sur d’autres métiers, pour les années qui viennent ?
Voilà. Au bout de deux séances, nous ne sommes pas plus avancés et nous n’avons toujours pas connaissance de l’enveloppe dédiée pour cette négociation salariale. Pire ! Alors que nous avons d’ores et déjà fait part de nos demandes à la direction dès la première séance de négociation, nous savons qu’il n’y aura pas d’augmentation collective. LCL n’a pas non plus annoncé qu’il accordait une nouvelle PPV, ni qu’il acceptait d’améliorer les abondements. Tout juste a-t-il concédé que nous pourrions discuter de quelques accessoires … Est-ce à cela que LCL veut réduire la négociation ? A un monologue où aucune demande des organisations syndicales représentatives n’est servie, à part quelques mesures annexes, indispensables, certes, mais qui ne constituent pas l’essence même de la négociation collective sur les salaires ?
Pour FO LCL, si nos salaires sont décrochés, c’est parce que :
- pendant 8 ans, aucune augmentation générale n’a été accordée
- les enveloppes salariales, y compris les enveloppes dédiées aux mesures salariales individuelles, n’ont cessé d’être réduites à peau de chagrin, d’année en année
- les deux augmentations générales de 2022 et 2023, et celle de 2024, appelée augmentation générale ciblée, qui n’a servi que 28% des salariés, n’ont pas permis de couvrir l’inflation, quoi qu’en dise LCL.
La prochaine séance de négociation aura lieu le 13 décembre. FO LCL a hâte de découvrir ce que la direction est prête à mettre sur la table pour remercier l’engagement de ses salariés. Mais il est fort à parier que la table ne s’écroulera sous le poids des propositions.
@suivre